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Excision au Mali: les acteurs persistent, les victimes saignent !

Le 6 février de chaque année est consacré, à travers le monde, à la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF). Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, environ 200 millions de femmes sont victimes de cette pratique. Au Mali, le taux de prévalence est de 91 %, selon les statistiques 2017 de l’UNICEF et l’OMS.

Les mutilations génitales féminines, communément appelées excisions, désignent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins extérieurs et se pratiquent généralement chez les filles avant 5 ans jusqu’à 18 ans, selon les différentes traditions en Afrique subsaharienne. Cette pratique, qui touche 200 millions de filles et de femmes dans 30 pays du monde, se déroule principalement en Afrique où l’on estime le nombre de victimes à 91,5 millions de femmes et de filles de plus de 9 ans, vivant actuellement avec les conséquences de ces mutilations. Toujours en Afrique, selon la même source, on estime que 3 millions de filles risquent de subir ces pratiques traditionnelles néfastes. Si les tendances actuelles se poursuivent, 86 millions de filles supplémentaires âgées de 15 à 19 ans risquent, elles aussi, de subir des mutilations génitales, d’ici à 2030, selon les estimations de l’UNICEF. En effet, les pays où la prévalence des MGF chez les filles et les femmes de 15 à 49 ans est la plus élevée sont la Somalie avec 98 %, la Guinée qui enregistre 97 % et le Djibouti, dont le taux s’élève à 93 %. La pratique de l’excision est également présente au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique Latine.

En Afrique subsaharienne, seuls 3 pays n’ont pas encore adopté de loi contre ces pratiques, notamment le Libéria, la Sierra Leone et le Mali. De 2017 à nos jours, il est de 91 % au Mali. Ce fort taux s’explique essentiellement par la dimension culturelle de la pratique de l’excision. Avant, elle était pratiquée sur les jeunes filles âgées d’environ 15 ans. Aujourd’hui, l’excision est réalisée avant l’âge de 5 ans en milieu rural et dans les 40 jours suivant la naissance en milieu urbain.

Une tradition historique qui ne justifie plus cette pratique

Selon Mme Chata BALLO, forgeronne issue d’une famille d’exciseuses, la pratique faisait partie d’un rituel traditionnel de passage à l’âge adulte pour les filles âgées à peine d’une quinzaine d’années, âge auquel elles sont censées se marier.

« C’est pourquoi l’excision se pratiquait traditionnellement juste avant le mariage, afin de rendre la future jeune mariée «pure» aux yeux de son futur mari », a-t-elle rappelé.

Toutefois, déplore-t-elle, la pratique a perdu son sens culturel et traditionnel. L’excision est aujourd’hui généralement pratiquée, dans la plupart des cas, avant l’âge de 5 ans en milieu rural et dans les 40 jours suivant la naissance en milieu urbain.

La pression sociale, le tabou autour du sujet, le manque d’information sur ses conséquences néfastes pour la santé, les amalgames avec la religion musulmane, les croyances et les superstitions très ancrées dans les communautés, font de l’excision une des pratiques traditionnelles néfastes les plus difficiles à éradiquer au monde. Généralement, les conséquences catastrophiques des mutilations génitales féminines sont méconnues des populations qui la pratiquent. En effet, la majorité des femmes excisées, qui rencontrent ces problèmes, ne savent pas que ceux-ci sont liés à l’excision, dont elles ont été victimes dès l’enfance.

La pratique de l’excision reste largement répandue au Mali.

Selon, l’OMS, le pays figure en tête de peloton de ceux qui pratiquent les mutilations génitales. La sensibilisation pour l’abandon de la pratique, ne semble pas faire l’unanimité au sein de la société. Faut-il rappeler que le Mali ne dispose d’aucune loi qui pénalise cette pratique. Ce qui pose des limites à la lutte contre la pratique, selon les partenaires techniques et financiers.

Selon Josiane Yaguibou, chef de file des partenaires techniques et financiers, le taux de prévalence de l’excision stagne au Mali.

« Cette loi tant qu’elle ne sera pas mise en place, les donateurs ne verront pas le Mali comme un pays engagé contre cette pratique. Nous avons des victimes, mais les auteurs ne sont pas poursuivis, car il n’y a pas de loi pour condamner », a –t-elle dit au micro d’une consœur du studio Tamani. Aux organisations féminines et leurs partenaires de déplorer, qu’après quatorze années de lutte et de dénonciation, le chemin soit encore si long pour l’éradication totale de l’excision.

« Outre l’absence de loi en la matière, la lutte contre la pratique reste confrontée au poids de la religion, aux croyances traditionnelles, entre autres », a dit Mme Soumaworo Yah TRAORE, enseignante et présidente de l’association pour la protection de la fille.

PAR CHRISTELLE KONE

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